Une virée à Dakar

Publié le par Julien et Emilie


Aller à Dakar, c’est pénible et long. Aller à Dakar, c’est fatigant. Quand on va à Dakar, c’est qu’on y est obligé, ou presque. Mais aller à Dakar est toujours source de surprises…

 

Jeunes futurs parents expatriés que nous sommes, nous avons pris la route de Dakar pour la visite mensuelle chez la gynécologue dégotée quelques jours plut tôt par le papa oisif à demeure de profession (plus pour longtemps, enfin, n’y pensons pas…).

Pour rentabiliser le déplacement, nous avons couplé ça avec le concert de Tiken Jah Fakoli au CCF en centre ville. Et on a bien fait d’y aller car on ne risque plus de le voir au Sénégal. Le lendemain du concert, il a été déclaré « persona non grata » et donc interdit d’entrer et de sortie du territoire (lire l’article suivant : http://www.afrik.com/article13154.html). Deux choses ont irrité les oreilles de son Excellence Maître Adboulaye WADE. La première est le fait qu’il demande au président de « quitter le pouvoir », titre d’une des chansons adressée à la quasi-totalité des présidents africains et adaptée aux couleurs du Sénégal pour l’occasion. Le second crispement présidentiel a été causé par une petite boutade en référence au fiston WADE convoqué devant le parlement pour s’expliquer sur quelques contrats… Laquelle convocation avait été jugée nulle et non avenue par le papa.

Ah ! Ces artistes engagés, ils n’ont définitivement pas le sens des valeurs familiales africaines…

En tout cas le concert déménageait et l’ambiance était chaude…

 

Le lendemain, nous avons trouvé notre chemin pour le rendez-vous, et, en soit, c’était une petite victoire. Vous comprendrez un peu plus loin, en quoi circuler à Dakar peut-être quelque peu « déroutant ».

Bon, le rendez-vous a été reporté à l’après-midi, mais il faut avouer que deux victoires successives en moins d’une heure eut été inespérées même pour le plus fin stratège sénégalais…

On a eu l’occasion de revoir rapidement à l’écho notre futur bébé. Son visage, ses p’tites mains, ses p’tits pieds… bon d’accord tout est petit à ce stade, d’accord, mais j’ai bien le droit de m’émouvoir un peu, non ? Enfin, bref, nous voilà rassurés, tout va bien et on a trouvé quelqu’un pour suivre la grossesse jusque fin mars.

 

Le reste de l’après-midi se déroula tranquillement à faire quelques courses. Vers les 16h30, les vents nous indiquèrent qu’il était temps de hisser les voiles et de rentrer au port. Malheureusement, en dépit de cette métaphore, la route fut terrestre, et les ennuis commencèrent. Après un premier demi-tour pour cause d’immobilité perdurante, nous avons rejoint l’« Autoroute ». Nous nous croyions victorieux de ce changement de cap. Bien vite, nous déchantâmes. Nous voici non plus sur deux files contre une sur une 2X1 voie mais à six files contre deux sur une 2X2 voies. Inutile de préciser que dans ces conditions, les deux files les plus à gauche étaient en fait à contre sens sur la file d’en face…

Me sentant pousser des ailes devant l’adversité, et malgré une désapprobation raissonesque appuyée, je décidai une seconde fois de faire volte-face et de rentrer dans un charmant quartier nommé Collobane. Je passe sur la traversée de l’autoroute, cette échappée s’offrant à nous par la gauche…

Ce petit crochet nous permit de faire un peu de tourisme dans Dakar et de visiter un charmant marché populaire. Là, l’embouteillage automobile céda sa place à l’embouteillage humain. Petite sensation d’oppression. Nous arrivâmes à nous extirper tant bien que mal du marché pour revenir, circulant à l’aveugle, sur…. L’autoroute. Oui, bien sur, nous voilà avancés de 500m environ par rapport à tout à l’heure, avec un handicap d’environ 50m car il nous fallait retraverser l’autoroute. Evidemment, après un « ha, mais c’est le même pont que tout à l’heure ? », je sentis que j’avais perdu toute crédibilité aux yeux de mon co-pilote. Heureusement, le co-pilote n’étant enceinte que de trois mois, cela épargna à un enfant de relativiser trop précocement l’image d’un papa parfait. Bon, en même temps un rapide calcul mental me permis d’estimer notre position plus objectivement : 6files x 12voitures/100m x 5 = 360 voitures grillées ; pas mal ! Cela me redonna un soupçon d’optimisme fort à propos pour les deux ou trois heures qui nous attendaient, mais…

 

...coup de théâtre, on change toutes les règles du jeu : on inverse les sens de circulation ! Oui, oui, on change le sens de circulation de l’autoroute. Comment ça, ça ne vous est jamais arrivé ? Hé, à Dakar, c’est tous les soirs entre 17h et 17h30, si vous avez l’occasion, passez donc.

En fait, le soir, ils ouvrent les deux voies dans le même sens (sortie de Dakar). Ca fait un peu drôle au début de prendre la file d’en face, surtout qu’il reste encore les quelques voitures à contre sens et qu’un flot de six files de voitures se sent libérer sur cette portion d’autoroute en travaux (ce dernier détail n’est pas anodin…). Enfin, voilà donc mon soupçon d’optimiste transformé en formidable élan libératoire et le reste du trajet ne fut qu’une partie de plaisir (= éviter les piétons sur la route de nuit).

 

Et pour finir ce conte moderne  et urbain : ils ne se marièrent pas mais eurent beaucoup d’enfants… (cette dernière partie de l’histoire est en création).

Publié dans Nos aventures

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G
ah bon, Emilie est enceinte?
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F
Salut à vous trois, quelle nouvelle extraordinaire!je suis vraiment ravie pour vous... félicitations et bonnes fêtes.bises
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M
Suis super émue par ce que je viens de lire. Je vous embrasse fort. Ai hate de suivre vos prochaines aventures...
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